lundi 29 novembre 2010

Cytheriae en numérique

Depuis mercredi dernier, Cytheriae est disponible en numérique - et en édition révisée! - à cette adresse - juste là.

Une nouvelle ère s'ouvre pour L'Archipel des Numinées, assez excitante je dois l'avouer : l'entrée dans le numérique permet de l'envisager d'une façon beaucoup plus large, de tanner Elvire pour avoir plein de crobards en plus (hé hé), de développer certains aspects qui pour des raisons évidentes ne le sont pas sur papier (l'aspect bonus, en gros) mais font vivre l'univers... Ainsi, après une incursion dans la tragédie classique de Marcantnio Bembo, je vous proposerai la semaine prochaine la fin de Troublante rencontre, roman de Siro Venelli, romantique et fleur bleue à souhait!

lundi 22 novembre 2010

La Maison aux secrets

La Maison aux secrets, tragédie en cinq actes, a été écrite par Marcantonio Bembo au début du règne de Giocasta Moravia, également appelée la Princesse des arts. Toute son existence, Giocasta Moravia a encouragé les artistes de sa principauté, parmi lesquels Donatella de Cribella, compositrice célèbre pour avoir mis en musique les poésies de Lucina Labia, et Marcantonio Bembo. Bembo, originaire du  Nord de l'Archipel, n'a jamais révélé les raisons de son exil, préférant laisser courir les plus folles rumeurs. Ses écrits torturés, souvent malsaines, ont pour principaux thèmes la trahison, les amours interdites et la folie. La Maison aux secrets, sous le masque de la passion amoureuse, évoque l'inceste et la damnation. L'Ange de Cribella, sa pièce la plus célèbre - et peut-être la plus accessible -, conte la drame d'une double vengeance. Elle est, encore aujourd'hui, représentée dans tout l'Archipel.

L'introduction et le premier acte de La Maison aux secrets sont disponibles sur ce lien :

http://www.megaupload.com/?d=JQYYYH04

Pour télécharger, il suffit de reproduire le code...

vendredi 19 novembre 2010

Pot-pourri d'anciens messages sur l'Archipel des Numinées

Cytheriae
Plus intime et psychologique qu'Arachnae, Cytheriae est un roman sur les failles (j'aime bien le mot) : failles humaines - incapacité à comprendre l'autre, jeu/joug des non-dits, des mots couverts et de l'amertume - et failles psychologiques - incapacité à exprimer, à ressentir ou expulser le trop-plein d'émotions, souffrances, regrets, culpabilité - surtout. Mais aussi, ce dont je me suis aperçue après en avoir discuté en intervew, faille "vénitienne", au sens où Cribella est une cité lagunaire, une sorte de Venise lépreuse, comme celle que l'on imagine en regardant le reflet des palais dans l'eau vert-de-gris des canaux... 
L'enquête menée par les différents protagonistes du récit - les enquêtes, plutôt ; l'une, liée à "l'autre côté dunmiroir", l'autre à une série de suicides - là encore, ça a été l'occasion de regarder du côté de ces fameuses failles et même si évidemment la recherche du ou des coupables a son importance, ce qui m'intéressait était avant tout "comment" ces morts... 
Nouvelles
Après "Lutzi", à paraitre dans la revue SITES et Orfeo, que j'espère avoir le temps d'écrire d'ici la fin de l'année, une deuxièmenouvelle mettant en scène Dionisia est prévue dans la prochaine anthologies Imaginales. Dionisia, jeune narratrice de "Toiles déchirées "(Magiciennes et sorciers, dirigée par Stéphanie Nicot) a un peu grandi... Cette série de textes me permet de mettre en place le troisième opus de L'Archipel, Matricia qui est prévu pour le dernier trimestre 2011. C'est la première fois que je construis un personnage ainsi, par petites touches de textes qui me permettent d'explorer sa psyché. Une autre nouvelle, beaucoup plus courte, devrait également être prévue pour courant 2011. Je ne sais encore quel personnage en sera l'acteur principal ... 

Nécro…
... mancien ou mant ? Dans l'Archipel, les deux - l'étymologie du premier penchant vers la divination par l'examen des cadavres et nécromant pouvant être considéré comme une forme ancienne du même mot, est plus tourné vers lles "arts noirs".
Au fil du temps, des traditions et de la fantaisie (fantasy) des auteurs, ou/et joueurs de jeux de rôles, le terme a été utilisé pour qualifier des magiciens peu recommandables, œuvrant à relever les morts, invoquer des démons et voir le monde des morts.
Je me rends compte que, dans l'Archipel des Numinées,  je n'utilise pas de définition si précise - il existe un ordre de nécromanciens, L'Ordre de la Nouvelle Lune qui est aussi bien voué à l'étude des créatures "maléfiques" qu'à la nécromancie dans son sens premier ou le chamanisme... Personnage tertiaire d'Arachnae, Tamino pratiquait une  sorcellerie assez offensive, consistant à contrôler les spectres et les utiliser en combat.
Angelo di Larini, qu'Elvire vous dessinera peut-être si elle en a l'envie, l'un des personnages principaux de Cytheriae, est un nécromant. Son art concerne surtout "l'autre monde", autrement dit l'univers des spectres, l'autre côté du miroir (et d'une certaine manière, la faculté de voir ce que dissimulent les autres).
Matricia verra apparaître une autre forme de nécromancie encore... beaucoup plus "tribale". 

Magie
L'une des difficulté inhérentes aux univers imaginaires est la magie. Le bestiaire - l'utilisation des termes anges ou démons, par exemple, fortement liés à la mythologie judo-chrétienne - peut poser problème : doit-on ou non inventer des mots? Si l'on utilise sans complexe "dragon", pourquoi exclure les vampires ? J'ai l'impression d'avoir résolu ça, en prenant ce dont j'avais besoin au moment où j'en avais besoin, en inventant si nécessaire... et en évitant le mot vampire, non parce qu'il fait "tâche", mais parce que j'aurai une trop nette tendance à en faire les principaux personnages d'un récit où, au mieux, ils seraient considérés comme des bêtes à abattre.
Pour moi, la magie était autrement plus délicate à mettre en place. Comment fonctionne-t-elle ? Pourquoi certaines personnes utilisent-elles des rituels, d'autres non ? Quels sont les pouvoirs exacts des sorcières du destin - et plus précisément, des Moires les plus puissantes d'entre elles ? Quelle est la différence entre les prêtresses (et prêtres) de la Lune et les mages ? Pourquoi la nécromancie est-elle acceptée ? Qu'est-elle exactement ? Pourquoi Tamino (Arachnae) commande-t-il aux spectres et non Angelo (Cytheriae) ? Pourquoi l'étude des "monstres" est-elle liée à la nécromancie, pas à la prêtrise ? Ce sont certes d'intéressantes questions, de celles qui mettent en jeu la compossibilité de l'univers, mais également des questions qui bloquent et empêchent l'écriture - d'une part, parce qu'à trop vouloir justifier le surnaturel, ça en devient franchement indigeste, d'autre part parce que... en littérature "blanche", les gens ne passent pas leur temps à expliquer ce qu'ils font. Un mathématicien connaît les arcanes de l'algèbre et quand il en parle, personne ne se demande comment ni pourquoi tant que cela sert le récit. Un jardinier cultive et hybride des roses ou des orchidées, chaque jardinier a sa manière de faire... et personne ne se pose plus de questions que ça (sauf s'il s'agit d'un thriller dans lequel ledit jardinier ferait pousser des roses en, les nourrissant du sang de ses victimes).
Voilà, à peu près, comment j'ai résolu mon problème : je ne passe pas trois heures à expliquer comment Angelo mâche son quignon de pain, je ne vais pas passer trois heures à expliquer le fonctionnement de la magie - elle fonctionne.
Ses nuances varient d'une personne à l'autre - elle s'adapte, d'une certaine manière.
Quant aux secrets des Moires... Si vous le voulez bien, je ne les dévoilerai pas tout de suite!

Théodora
Théodora, la belle bretteuse d'Arachnae, est un personnage "à l'envers". En apparence efficace, capable de tuer sans sourciller (du moins une lamia ou autre créature maléfique), aussi à l'aise avec une rapière qu'avec un garrot. En réalité, une jeune femme assez fragile, peu sûre d'elle, qui perpétue des conduites d'échec dans ses relations (sentimentales, du moins) avec les autres. Ce côté faillible était à la fois le plus intéressant et le plus difficile à écrire - et faire passer. Sa destinée - devenir maître-espion du prince (et de la future princesse d'Arachnae), devenir l'arme et le bouclier, d'une certaine manière, implique des choix qu'elle n'a aucune envie de faire, des responsabilités qu'elle se refuse à assumer. Ce refus se reflète dans toutes les strates de son comportement - il lui faudra quelques "électrochocs" pour agir, et non fuir...
L'une des origines - affirmée - du personnage est Shane McCutcheon, de la série L Word, androgyne séductrice et incapable de construire véritablement une relation avec celles dont elle tmobe amoureuse. Les autres inspirations sont... beaucoup moins "claires", je pense que Théodora s'est assez rapidement construite "toute seule". Et  ce n'était pas facile pour moi de ne pas céder, en tant qu'auteur, à la facilité de l'héroïsme, de me retenir d'intervenir, d'une certaine manière, dans la logique du personnage pour en faire quelqu'un d'exceptionnel ; je n'évoque pas ici l'aspect fine lame, comédienne, etc. qui ne sont qu'acquis dûs à son éducation, mais exceptionnel dans son caractère, son altruisme, etc.
En somme, Théo, avec ses doutes et ses faiblesses, est quelqu'un d'imparfait - trop humain ?

Les Arlequinades


Et voici notre cadeau de "Saint-Valentin" à Charlotte et à moi.
Une nouvelle illustrée, écrite et mise en illustrations par nos petites mains, Les Arlequinades.

Où l'on revient sur une célèbre enquête de Tigran.

Téléchargement de la version définitive (megaupload)


Passez un bon moment !

Edit : petit guide pour télécharger sur megauplaod (les deux autres ont un nombre de téléchargements limités et apparement Sendbox est déjà out) pour les gens qui sont pas familiarisés avec.
- rentrer le code lettres/chiffres en haut à droite et cliquer sur le bouton orange "télécharger" juste en-dessous.
- attendre 45 sec
- cliquer sur le bouton noir "téléchargement régulier"
Le téléchargement devrait commencer tout ce qu'il y a de plus naturellement

Elvire

Rough versus Rough

Voilà un des roughs réalisés dans les premières phases de recherches de la couv d'Arachnae.
Pas retenu mais je dois avouer que je ne sais plus très bien. Je crois que le raccourci créait un petit manque de lisiblité et qu'on a retenu l'autre idée parce qu'elle posait beaucoup mieux l'ambiance de la ville.
Celui-ci avait un petit quelque chose mais était peut-être un peu trop alambiqué dans la symbolique du motif des pierres au sol (oh une toile !)
Mais comme on dit, ça fait toujours une Théo à vous mettre en plus sous la dent ! ;-))


Cytheriae : fan Art

Ou, plus exactement, l'habillage du roman, choisi par une lectrice pour un exercice dans son école d'art. J'ai été extrêmement touchée (pour moi c'est un très beau cadeau) - et je lui ai demandé de dire quelques mots pour illustrer sa démarche.
Je lui laisse la parole.
 
Afin de correspondre à l'univers du roman, j'ai décidé de donner à la couverture une allure de vieux manuscrit. Pour ce faire, j'ai froissé du papier canson que j'ai ensuite trempé dans du café, en supplément j'ai ajouté quelques tâches d'encre pour donner une illusion de vécu.
Je voulais à tout prix illustrer de façon "plastique", en relief, la réunion tragique de Nola et de Malatesta. Je me suis inspirée des images dans les livres pour enfants, plus particulièrement de l'innocence qui s'en dégage pour conférer à l'illustration une aura attendrissante même si la scène est sanglante au final. L'encre rouge a servi pour imiter la couleur du sang, naturellement. Des morceaux de tulle et de tissu peints en bleu ont permis de représenter la robe de l’héroïne.
La couverture dévoile l'âme de Nola, c'est pour cette raison que les mots issus de son journal intime la décorent.
Toomei
 

 




Merci à vous, Toomei!

LUTZI

La revue SITES, d'études littéraires françaises et contemporaines, consacre son prochain opusà l'imaginaire français. Dans ce cadre, Anne Berthelot et Alain Lescart, qui dirigent ce numéro, m'ont demandé une nouvelle. J'ai longuement hésité, et finalement c'est un petit récit mettant en scène Théodora qui l'a "emporté. Et comme il m'a été demandé par un lecteurd'Elbakin, la nouvelle lui est dédiée. J'espère qu'lle lui plaira. Je vous en livre, ici, le tout début (le reste sera lisible dans la revue SITES pendant quelques mois avant de revenir ici, je suppose).

Voici l'illustration d'Elvire de Cock :


  ... Et un extrait de la nouvelle!!

Lutzi
De la mort le temps ne sait rien
les mots ne se comptent pas
Rajko Djurić 
 
 
Pour Alban
 
Venu du sud de l’Archipel, à peine adouci par les embruns, un vent sec et brûlant soufflait sur la principauté. Les esprits s’alanguissaient, une sueur épaisse recouvrait les corps alourdis par la chaleur et, dans le Labyrinthe où vivaient les plus pauvres, où se terraient criminels et assassins, la maladie gagnait lentement du terrain. Durant le jour, on rampait, on se recroquevillait à l’abri des murs et des passages couverts dans l’espoir de trouver un peu de fraîcheur ; le soir venu on s’extirpait des recoins et des ombres et on s’ébrouait, profitant d’une tiédeur bienvenue pour fêter, avec un peu d’avance, le début des moissons.
Théodora appréciait ce rythme estival. Il lui évitait de justifier ses échappées nocturnes, excusait ses cernes et lui permettait, enfin, de manquer sans aucun scrupule à ses devoirs. Il faisait bien trop chaud pour enseigner. Même les fleurets semblaient aussi lourds que des marteaux de guerre. Depuis quatre ans, elle assistait l’un des meilleurs maîtres d’armes et entraînait les recrues à ses côtés. Elle appréciait à sa juste valeur l’honneur qui lui avait été fait et d’habitude, prenait plaisir à cela. Mais en ce moment, la jeune bretteuse ne désirait qu’une chose : boire suffisamment pour s’abrutir, si possible en mauvaise compagnie – et peu importe où elle finissait, fut-ce à la morgue.
« Tout, pourvu que j’échappe à ça. » 
Ça : les cauchemars qui la tourmentaient ; les attentes de ses magisters ; son maudit don de prescience ; le poids de la destinée.
Lorsque Théo quitta l’Académie la lune, face laiteuse auréolée d’argent de la Triple Déesse, brillait dans la nuit étoilée. Dans les jardins, les feuilles des arbres bruissaient. Une chouette, silhouette fantomatique, la frôla lorsqu’elle abandonna les hauteurs rassurantes du quartier de Palatine pour les rues poussiéreuses du Labyrinthe. Dédaignant les tavernes saturées de rires et de musique, des principales artères, elle préféra se laisser porter par l’instant et s’enfonça rapidement dans un entrelacs tortueux de ruelles et d’escaliers abrupts. Malgré les rondes de la garde et les lanternes placées aux carrefours, phares dans cette mer citadine et fatale, les bagarres, toujours mortelles, étaient légion ; on se faisait égorger pour une fille ou une dette ; on s’entretuait pour un oui pour un non.

Elvire de Cock illustre la nouvelle Lutzi, à paraître donc prochainement dans la revue américaine SITES. En voilà un petit aperçu... (les aficionados de Théodora noteront , même quatre ans plus tôt, son penchant manifeste pour la bouteille...)


 

Arachnae : illustrations d'Elvire

En attendant la nouvelle illustrée de la Saint-Valentin, "Arlequinades", voici quelques roughs faits par Elvire pour la couverture d'Arachnae.