vendredi 19 novembre 2010

Pot-pourri d'anciens messages sur l'Archipel des Numinées

Cytheriae
Plus intime et psychologique qu'Arachnae, Cytheriae est un roman sur les failles (j'aime bien le mot) : failles humaines - incapacité à comprendre l'autre, jeu/joug des non-dits, des mots couverts et de l'amertume - et failles psychologiques - incapacité à exprimer, à ressentir ou expulser le trop-plein d'émotions, souffrances, regrets, culpabilité - surtout. Mais aussi, ce dont je me suis aperçue après en avoir discuté en intervew, faille "vénitienne", au sens où Cribella est une cité lagunaire, une sorte de Venise lépreuse, comme celle que l'on imagine en regardant le reflet des palais dans l'eau vert-de-gris des canaux... 
L'enquête menée par les différents protagonistes du récit - les enquêtes, plutôt ; l'une, liée à "l'autre côté dunmiroir", l'autre à une série de suicides - là encore, ça a été l'occasion de regarder du côté de ces fameuses failles et même si évidemment la recherche du ou des coupables a son importance, ce qui m'intéressait était avant tout "comment" ces morts... 
Nouvelles
Après "Lutzi", à paraitre dans la revue SITES et Orfeo, que j'espère avoir le temps d'écrire d'ici la fin de l'année, une deuxièmenouvelle mettant en scène Dionisia est prévue dans la prochaine anthologies Imaginales. Dionisia, jeune narratrice de "Toiles déchirées "(Magiciennes et sorciers, dirigée par Stéphanie Nicot) a un peu grandi... Cette série de textes me permet de mettre en place le troisième opus de L'Archipel, Matricia qui est prévu pour le dernier trimestre 2011. C'est la première fois que je construis un personnage ainsi, par petites touches de textes qui me permettent d'explorer sa psyché. Une autre nouvelle, beaucoup plus courte, devrait également être prévue pour courant 2011. Je ne sais encore quel personnage en sera l'acteur principal ... 

Nécro…
... mancien ou mant ? Dans l'Archipel, les deux - l'étymologie du premier penchant vers la divination par l'examen des cadavres et nécromant pouvant être considéré comme une forme ancienne du même mot, est plus tourné vers lles "arts noirs".
Au fil du temps, des traditions et de la fantaisie (fantasy) des auteurs, ou/et joueurs de jeux de rôles, le terme a été utilisé pour qualifier des magiciens peu recommandables, œuvrant à relever les morts, invoquer des démons et voir le monde des morts.
Je me rends compte que, dans l'Archipel des Numinées,  je n'utilise pas de définition si précise - il existe un ordre de nécromanciens, L'Ordre de la Nouvelle Lune qui est aussi bien voué à l'étude des créatures "maléfiques" qu'à la nécromancie dans son sens premier ou le chamanisme... Personnage tertiaire d'Arachnae, Tamino pratiquait une  sorcellerie assez offensive, consistant à contrôler les spectres et les utiliser en combat.
Angelo di Larini, qu'Elvire vous dessinera peut-être si elle en a l'envie, l'un des personnages principaux de Cytheriae, est un nécromant. Son art concerne surtout "l'autre monde", autrement dit l'univers des spectres, l'autre côté du miroir (et d'une certaine manière, la faculté de voir ce que dissimulent les autres).
Matricia verra apparaître une autre forme de nécromancie encore... beaucoup plus "tribale". 

Magie
L'une des difficulté inhérentes aux univers imaginaires est la magie. Le bestiaire - l'utilisation des termes anges ou démons, par exemple, fortement liés à la mythologie judo-chrétienne - peut poser problème : doit-on ou non inventer des mots? Si l'on utilise sans complexe "dragon", pourquoi exclure les vampires ? J'ai l'impression d'avoir résolu ça, en prenant ce dont j'avais besoin au moment où j'en avais besoin, en inventant si nécessaire... et en évitant le mot vampire, non parce qu'il fait "tâche", mais parce que j'aurai une trop nette tendance à en faire les principaux personnages d'un récit où, au mieux, ils seraient considérés comme des bêtes à abattre.
Pour moi, la magie était autrement plus délicate à mettre en place. Comment fonctionne-t-elle ? Pourquoi certaines personnes utilisent-elles des rituels, d'autres non ? Quels sont les pouvoirs exacts des sorcières du destin - et plus précisément, des Moires les plus puissantes d'entre elles ? Quelle est la différence entre les prêtresses (et prêtres) de la Lune et les mages ? Pourquoi la nécromancie est-elle acceptée ? Qu'est-elle exactement ? Pourquoi Tamino (Arachnae) commande-t-il aux spectres et non Angelo (Cytheriae) ? Pourquoi l'étude des "monstres" est-elle liée à la nécromancie, pas à la prêtrise ? Ce sont certes d'intéressantes questions, de celles qui mettent en jeu la compossibilité de l'univers, mais également des questions qui bloquent et empêchent l'écriture - d'une part, parce qu'à trop vouloir justifier le surnaturel, ça en devient franchement indigeste, d'autre part parce que... en littérature "blanche", les gens ne passent pas leur temps à expliquer ce qu'ils font. Un mathématicien connaît les arcanes de l'algèbre et quand il en parle, personne ne se demande comment ni pourquoi tant que cela sert le récit. Un jardinier cultive et hybride des roses ou des orchidées, chaque jardinier a sa manière de faire... et personne ne se pose plus de questions que ça (sauf s'il s'agit d'un thriller dans lequel ledit jardinier ferait pousser des roses en, les nourrissant du sang de ses victimes).
Voilà, à peu près, comment j'ai résolu mon problème : je ne passe pas trois heures à expliquer comment Angelo mâche son quignon de pain, je ne vais pas passer trois heures à expliquer le fonctionnement de la magie - elle fonctionne.
Ses nuances varient d'une personne à l'autre - elle s'adapte, d'une certaine manière.
Quant aux secrets des Moires... Si vous le voulez bien, je ne les dévoilerai pas tout de suite!

Théodora
Théodora, la belle bretteuse d'Arachnae, est un personnage "à l'envers". En apparence efficace, capable de tuer sans sourciller (du moins une lamia ou autre créature maléfique), aussi à l'aise avec une rapière qu'avec un garrot. En réalité, une jeune femme assez fragile, peu sûre d'elle, qui perpétue des conduites d'échec dans ses relations (sentimentales, du moins) avec les autres. Ce côté faillible était à la fois le plus intéressant et le plus difficile à écrire - et faire passer. Sa destinée - devenir maître-espion du prince (et de la future princesse d'Arachnae), devenir l'arme et le bouclier, d'une certaine manière, implique des choix qu'elle n'a aucune envie de faire, des responsabilités qu'elle se refuse à assumer. Ce refus se reflète dans toutes les strates de son comportement - il lui faudra quelques "électrochocs" pour agir, et non fuir...
L'une des origines - affirmée - du personnage est Shane McCutcheon, de la série L Word, androgyne séductrice et incapable de construire véritablement une relation avec celles dont elle tmobe amoureuse. Les autres inspirations sont... beaucoup moins "claires", je pense que Théodora s'est assez rapidement construite "toute seule". Et  ce n'était pas facile pour moi de ne pas céder, en tant qu'auteur, à la facilité de l'héroïsme, de me retenir d'intervenir, d'une certaine manière, dans la logique du personnage pour en faire quelqu'un d'exceptionnel ; je n'évoque pas ici l'aspect fine lame, comédienne, etc. qui ne sont qu'acquis dûs à son éducation, mais exceptionnel dans son caractère, son altruisme, etc.
En somme, Théo, avec ses doutes et ses faiblesses, est quelqu'un d'imparfait - trop humain ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire